Les pâtes aux piments doux
Nocturne,
Bordeaux,
refaite, rénovée,
pénible et bourgeoise,
suante de ses réussites ancestrales,
mais belle.
L'air était doux,
les marques sortaient leurs voitures,
les chemisiers leurs poitrines d'envies.
Les façades reblanchies
aux sables des machines
rendent plus belles la ville
des souvenirs cachés,
de bateaux aux cales noires.
J'étais chez Rafael,
le mien qui est déjà grand.
Beau gosse tendre comme chez nous,
un peu mutin façon anar
comme à Séville ou Barcelone,
belle gueule de rital
un brin sicile au fond de l'œil.
Une Guiness
au pub engliche à l'air d'Irlande,
nous embouchons nos mousses en pèréfisse,
c'est joyeux un peu torotacite,
un peu rugbyquéziste
on se comprend on s'aime bien et c'est génial.
Mais nom d'un chien le père a faim
le fils aussi,
la bière c'est blond
ou noir comme charbon.
Nous sommes vides depuis matin.
C'est normal on veut bouffer,
manger, croquer.
On mange ensemble,
tu t'en fous je comprend bien,
mais c'était bon,
surtout les pâtes
aux piments doux du jardin.